L'histoire de Jean Cocteau, critique d'art, est un peu celle de ses rencontres avec Erik Satie et Picasso. Rencontres qu'il sut provoquer et, rapprochant des milieux jusque-là ignorés les uns des autres ou réputés inconciliables, organiser ; dont les principaux résultats furent le ballet de Parade monté par Serge de Diaghilev à Rome et présenté à Paris en mai 1917, le Coq et l'Arlequin (Notes autour de la musique) publié en 1918, en 1919 quelques articles parus dans Paris-Midi (Carte Blanche), en 1920 une éphémère et charmante petite revue (Le Coq), un ensemble de textes critiques, dont le plus important est un Picasso (1923), que Cocteau rassembla en 1926 sous le titre significatif de Rappel à l'ordre. Tous ces essais, si disparates, elliptiques ou pointus qu'ils puissent aujourd'hui paraître, représentent peut-être ce que l'après-guerre nous a laissé heureusement ou malheureusement de plus significatif dans le domaine critique.